Décrochage de panneaux ?

21/07/2023

Des indemnisations sont enfin prévues

STEPHAN DEBUSSCHERE 19-07-2023 www.livios.be

En Wallonie, la problématique du décrochage d'onduleur de panneaux photovoltaïques a pris de l'ampleur. Au point qu'un système d'indemnisation est enfin en préparation, plusieurs mois après la Flandre.

Décrochage

Essentiel à toute installation photovoltaïque, l'onduleur permet aux panneaux d'alimenter vos appareils électroniques en convertissant le courant continu en courant alternatif, similaire à celui fourni par votre compagnie d'électricité. Souvent dû à une surtension, le décrochage de cet onduleur entraîne une déconnexion des panneaux au réseau. L'onduleur se met en effet en sécurité, et ne produit plus d'électricité. Le problème, c'est que les gestionnaires de réseau de distribution (GRD) n'interviennent qu'après le décrochage, lorsque vous avez déjà perdu une partie de la production, qu'ils ne spécifient par ailleurs aucun délai d'intervention, et qu'en plus ils n'ont prévu aucune indemnité pour compenser votre perte.

Des indemnités en vue

En Flandre, ces compensations financières pour les pertes de production dues à un décrochage existent depuis plusieurs mois. En Wallonie, comme l'a tout récemment annoncé le ministre wallon de l'Energie Philippe Henry, des indemnisations sont - enfin - en cours de négociation. Si aucune loi n'est encore passée à ce stade, le texte législatif en préparation pourrait être opérationnel d'ici mars 2024. Les critères d'indemnisation pourraient être basés sur ceux déjà établis en Flandre, à savoir le nombre de décrochages, leur durée, ou encore le délai dans lequel votre GRD est en mesure d'intervenir.

Qui va payer ?

Il est important de préciser que ce ne sera pas la Région wallone qui paiera ces indemnités, mais bien les GRD. Il est donc dans leur intérêt de procéder aux aménagements nécessaires pour éviter de les payer. Test Achats leur suggère de surveiller le réseau en temps réel pour prévenir les risques, d'agir avant que les problèmes ne surgissent, et de prévoir aussi des délais stricts en cas d'intervention suite à un décrochage. L'idéal selon l'organisation serait aussi que les futurs propriétaires de panneaux puissent s'adresser à leur GRD afin de savoir si le réseau supportera leur installation, et si pas, quand il le sera.

Un réseau en overdose

Le hic, c'est que le réseau électrique wallon n'est à ce jour pas adapté pour recevoir autant de production qu'il n'en reçoit. Le réseau est en effet prévu pour amener l'électricité des unités de production dites classiques, comme les centrales nucléaires. Les installations photovoltaïques ou les éoliennes amènent une production supplémentaire sur un réseau prévu pour aller dans un sens. En conséquence, à certains endroits, cette surproduction sur un réseau inadapté provoque des décrochages.

Les GRD en sont parfaitement conscients et travaillent donc sur l'aménagement du réseau, en ciblant les zones les plus problématiques, mais cela prendra du temps. Selon ces derniers, il faudrait plus que doubler la capacité du réseau pour s'adapter aux nouveaux usages de l'électricité et à la croissance des nouvelles installations. Et si les grandes villes paraissent pour l'instant épargnées par le problème, personne ne sait pour combien de temps encore... Le nombre de nouvelles installations encore prévues d'ici la fin de cette année s'élève en effet à plus de 30.000, alors que le réseau est déjà saturé.

Revoir ses habitudes

Les propriétaires de panneaux ont de leur côté quelques cartes en main pour aider les GRD. L'installation de compteurs communicants, notamment, permet en effet aux distributeurs d'auditer le réseau afin d'identifier les zones problématiques et de pouvoir mieux intervenir. Les GRD conseillent également à leurs clients de « revoir leurs habitudes », afin de favoriser l'auto-consommation. En effet, ce que vous consommez directement ne surcharge pas le réseau. Exemple : faire tourner vos appareils tels que lave-linge, séchoir ou lave-vaisselle en journée plutôt que le soir lorsque vous êtes présent à la maison. Si ces modifications de comportements prendront à leur tour du temps à se mettre en place, elles ne pourront qu'améliorer la situation. Pensons collectif !